dimanche 26 septembre 2010

Rentrée agitée

Nicolas Sarkozy a surement passé les pires vacances de sa vie. Malgré la luxueuse demeure "Cap-négrienne" de Carla, la quasi guerre civile, l'affaire Bettencourt, et aussi les retraites ont miné les vacances présidentielles. Pour couronner le tout, la grève du 7 septembre remet une nouvelle fois le pays dans un état de paralysie. Cela dit, loin de la vision bien-pensante - notamment socialiste - que les médias véhiculent, la plupart de ces affaires recèlent de non-dit. Certes, ces vacances ont affaibli le pouvoir actuel, de par les évènements qui se sont succédés et que j'ai succinctement évoqué plus haut. Néanmoins, et encore une fois, cela ne profite absolument pas au Parti socialiste, faute d'idées crédibles à présenter.. Le bipartisme qui s'est installé dans la démocratie française ( mais pas que ) a largement rendu le débat public très simpliste : si l'UMP dit blanc, le PS dit noir. Et c'est comme ça depuis des années. Ainsi, alors que l'Union nationale aurait dû être décrétée lors de la quasi guerre civile à Grenoble, les socialistes n'ont pas trouvé mieux que critiquer la politique dite du "tout-répressif" qui est tout à fait fausse. Nous y reviendrons bien évidemment. De même, bien qu'un billet ait déjà été rédigé à propos des retraites, il convient d'y revenir brièvement, notamment à cause du lien qui l'unit avec la manifestation récente du 7 septembre.

D'abord les évènements grenoblois. Ce qui s'y est passé est extrêmement inquiétant, à plus forte raison lorsque le ministre qui est sensé s'en charger se révèle incompétent. Car oui, Nicolas Sarkozy est président, mais il ne peut pas tout faire. Et, comme beaucoup il s'entoure de ses amis au gouvernement. Ça donne des Christian Estrosi, et des Brice Hortefeux, des nuls donc, pour parler très crûment - contrairement à Woerth dont nous évoquerons le cas plus loin. A force de vouloir s'entourer d'amis, Sarkozy a oublié de s'entourer de gens compétents en privilégiant la simplicité   plutôt que des gens comme Xavier Darcos ( grand léttré ) par exemple. Les échecs cinglants ne manquent pas : Dati, Joyandet etc qui décridibilisent fortement le gouvernement. Mais revenons au conflit grenoblois. Ceux-ci sont très alarmants dans la mesure ou les évènements sont de plus en plus violents et témoignent d'un profond "sans-gênisme" de ces barbares, et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, la police ne fait plus peur. De fait, le nombre de policier baisse de plus en plus afin de permettre au gouvernement de faire quelques économies misérables - 50 millions -, quand, dans le même temps, on accorde 17 milliards (!) d'aide à la Grèce. Dès lors, la désertion progressive des forces de police tend indiscutablement à son inefficacité, étant incapable de répondre à la demande de sécurité des français. Or justement, les français n'ont jamais autant ressenti le besoin de sécurité. La justice, quant à elle, ne fait plus peur non plus. Elle ne fait plus peur parce qu'elle ne sanctionne plus. En effet, depuis des années, la prison est vue comme un mal qu'il faut éviter au maximum, et que personne ne mérite de purger de longues peines. Alors on libère des criminels après seulement la moitié du temps de peine requis, on supprime la double peine qui permettait à l'État de renvoyer les étrangers qui semait le trouble sur le territoire, on a également supprimé la peine de mort sans la remplacer par aucune mesure dissuasive. Bref, nous avons à faire à une justice de plus en plus laxiste, des prisons de plus en plus chargées, des policiers de moins en moins nombreux, mais une insécurité qui est de plus en plus manifeste.

Venons en maintenant à l'affaire Bettencourt. Cette affaire met en lumière les différentes magouilles qui se passent au sommet du pouvoir. Pour autant, je soutiens Eric Woerth parce qu'il est un homme compétent. Le problème d'aujourd'hui, c'est qu'on s'étonne encore qu'il y ait des affaires. Or, les affaires et les magouilles ne sont pas l'apanage de Nicolas Sarkozy lui-même. Seul De Gaulle peut se vanter de n'avoir jamais pris dans les caisses de l'État. De fait, entre l'emprunt de Giscard qui ont ruiné les finances publiques au profit des rentiers, les "affaires" sous la sacro-sainte gôche humaniste mitterandiste, les emplois fictifs sous Chirac. (...). De même que nous savons tous que les milieux financiers ont de réels pouvoirs sur les politiques. La promiscuité est tout à fait choquante mais pas nouvelle. Par exemple, il y a 20 ans, M. Mitterand ne s'était pas interdit de faire rentrer Bernard Tapie au gouvernement en tant que Ministre de la ville, le copinage n'est donc pas spécifique à Sarkozy, mais à la quasi totalité des présidents que nous avons eu.



M. Bernard Tapie

Aussi, Eric Woerth s'applique simplement à proposer une réforme qui n'est pas la sienne mais celle de Raymond Soubie. Ce n'est pas son projet à lui à proprement parler. De même que cette idée de décalage de l'âge de la retraite n'est pas nouveau. Des économistes influents comme Christian Saint-Étienne, Jacques Attali proposent le report depuis pas mal d'années déjà : ce n'est donc pas une réforme tombée du ciel. Toutefois, Sarkozy avait juré ne pas avoir voté pour reculer l'âge de la retraite. Alors, qu'est ce qui peut l'avoir fait changé d'avis ? Très simple, c'est la pression mise par la Commission européenne sur la France pour que cette dernière recule l'âge légal de la retraite. Celle-ci, depuis des années se bat pour que la France quitte les 60 ans et un ami blogueur le rapporte très bien : [ La France se doit ] "d’entreprendre sans tarder une réforme complète de son système de retraite, afin d’en assurer la viabilité financière et d’élever l'âge effectif de la retraite", nous dit un rapport un rapport rendu à la Commission européenne. Par ailleurs, même sans cotisation au préalable, il était possible de partir à la retraite à 65 ans. Or, l'une des réformes les plus dégueulasses sous l'air Sarkozy consiste à faire passer cet âge à 67 ans. On pourrait nous rétorquer que de nombreux profiteurs bénéficient de ce système. Mais non, d'après une étude, le montant des retraites prises à 65 ans avoisine les... 400€ ! Le PS dans cette histoire est aux abonnés absent. Préférant faire de la récup' et s'associer aux syndicats pour la retraite à 60 ans. Évidemment, l'idée selon laquelle si ils sont élus en 2012 on remettra la retraite à 60 ans n'est que pure mystification. Ce n'est qu'un grand rideau de fumée qui cache le manque d'idée du PS, incapable de trouver des solutions autrement que par des taxes et des impôts.
Aussi y a t-il une volonté politique de Sarkozy de montrer au monde entier et, a fortiori, aux marchés que la France est réformable. Expliquons-nous. Il a entreprit une réforme des retraites sensée ramener le régime à l'équilibre. Bien. Si, à cause des grèves, Sarkozy fait marche arrière, ce serait un message très net aux marchés : la France est irréformable. Les investisseurs douteraient et les agences de notations nous dégraderaient. Les banques n'attendent que ça : pomper toujours plus le contribuable et la collectivité par le biais de taux d'intérêts élevés. 

C'est ce qui se passe en Grèce : 10% pompé sur le peuple grec. Là aussi, les politiques préconisées par le FMI et la Commission sont largement responsables de ce désastre. La Grèce est en dépression, et les émeutes continuent à Athènes. Or, la Grèce aurait pu dévaluer sa monnaie et ainsi atténuer le poids de la rigueur qui s'abat sur elle De toute façon, on a beau nous expliquer que ça aurait été pire, avec le drachme, rien n'est pire qu'une rébellion sociale due à une dépression comme c'est le cas actuellement. Pourquoi s'ingénier à garder l'euro en Grèce ? Parce que le fétichisme de la monnaie forte est largement rependu dans les couloirs de Bruxelles et du FMI. Une monnaie doit être forte, car elle permet aux détenteurs de capitaux d'avoir plus d'argent dans un panier de devises étranger. Admettons qu'un euro = un dollar. Si l'euro par la suite s'apprécie et monte à 1.5$. Cela veut dire qu'au lieu de n'avoir que que 2$ avec 2€ nous avons 3$ !  Plus l'euro s'apprécie face au dollar, plus les rentiers voient leurs pouvoir d'achat en zone dollar augmenter. Mais moins les petits exportateurs peuvent vendre leurs produits à l'étranger, puisque le taux de change leur est alors défavorable,  rendant l'export bien plus couteux, et par la même, conduisant à une baisse de compétitivité des entreprises. Lors de la crise russe faisant suite à la chute de l'URSS, le FMI a longtemps interdit à la Russie de dévaluer le rouble pour stabiliser la monnaie, persuadés que stabilité monétaire = stabilité politique - Trichet en est lui aussi convaincu. Bien que l'économie russe ait été complètement asphyxiée et le pays au bord du chaos, le FMI n'en démordait pas. Après des années de dépression, le gouvernement dévalua le rouble, et pu enfin retrouver le chemin de la croissance. Bref, la monnaie forte favorise les détenteurs de capitaux, le rôle du FMI et de la Commission est de faire bouffer des années de récession au peuple grec pour protéger la monnaie et par la même, les rentiers. L'UE peut se targuer de respecter les droits de l'homme et toutes autres niaiseries de ce genre. Foutaises : elle n'a que faire du peuple. Oui les grecs ont triché, mais les espagnols, et  les irlandais ? Pourtant, ces deux derniers avaient de faibles taux d'impôts sur le revenu et les sociétés ? Le paradis pour nos amis bruxellois ! Qu'ont-ils à dire pour leur défense ? Rien. C'est dommage, car ce n'est pas le cas grec, on ne peut pas mettre leur crise sur l'autel de la triche. Non là ils sont simplement victimes d'une monnaie adaptée pour personne, et sur laquelle on voue des populations entières au chômage de masse, et à la régression sociale. Cela dit, les délires bruxellois continuent de plus bel. Derrière ces gesticulations permanentes du président, et de cet afflux d'information, on en oublierait presque que l'UE va désormais examiner avant les Parlements démocratiquement élus les budgets nationaux. Seul le site Boursorama en a parlé, ou presque.  Autrement dit,  dans la discrétion la plus totale, la France vient une nouvelle fois de se soumettre aux exigences de la Commission. C'est d'autant plus fâcheux que nous allons donner ce pouvoir à des gens non-élus et qui ont déjà gravement fauté lors de la rédaction du traité de Maastricht en ne se préoccupant que de la dette publique. Or, si l'Espagne (par exemple) est dans un profond marasme c'est précisément à cause de la dette privée ! Ce sont donc à ces mêmes illuminés ultra-libéraux que nous allons donner ce pouvoir. Dorénavant, pour voter un budget, il faudra que la clique Barroso/Von Rompuy ( qui ne représente absolument personne ) donne son feu vert...


En Grèce, le FMI et la Commission qui imposent l'euro fort sont en train de mener le pays à une régression sociale sans précédent. L'Irlande et l'Espagne sont eux aussi dans une état critique (plus de 20% de chômage en Espagne !).


Lors de cet été, nous avons également pu mettre au premier plan l'échec de l'Europe de Schengen qui institue la suppression des frontières entre les États membres. Évidemment, les bien pensants voient dans cette suppression une formidable aubaine pour l'Europe fédéraliste, à l'instar de Denis Olivennes qui croit encore que frontières est forcément associé à barbelés et militaires. La France offre - et c'est tant mieux - des aides généreuses aux plus démunis. Elle est donc une terre privilégiée pour les immigrés. Or aujourd'hui, notre modèle social est en quasi faillite. Mais nous continuons à importer la misère venue de l'étranger, alors qu'il subsiste déjà 40% de chômage dans certaines banlieues ! Dit autrement, nous importons des chômeurs, nous importons la misère. Au lieu de tout faire pour trouver du boulot à nos jeunes de banlieues, on préfère surcharger les banlieues et continuer à ouvrir les frontières à l'Europe pauvre. Oh bien évidemment, les belles âmes ont été choqué par cette politique pseudo-vichyste. Les États-Unis par exemple. Rappelons toutefois que, les États-Unis ont un mur de 1000km qui les sépare du Mexique. De ce point de vue, inutile de jouer les grands défenseurs des droits de l'homme, sans parler de Guantanamo. Que chacun balaye devant sa porte avant de donner des leçons de morale. Les roms étaient en situation irrégulière sur le territoire français, il n'y a donc aucune raison de les garder, ceux-ci étant plus que susceptible de commettre vol, agression (etc...). On peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas plutôt le président roumain qui devrait être accusé, car c'est trop facile de laisser une partie de sa population (non-désirée) s'enfuir. Ceci permet de ne pas voir les réels problèmes d'intégration de cette population en Roumanie. Et ce, malgré les milliards donnés par l'UE. 

En tout état de cause, ce qui s'est passé en France, ce n'est qu'un simple respect des lois républicaines. En revanche, ce qui est dommageable, c'est qu'une nouvelle fois, le gouvernement ait fait son beurre sur les expulsions, manœuvre politicienne ayant pour but de nous faire croire qu'aujourd'hui, il peut encore agir et qu'il est encore capable d'exercer sa souveraineté.