jeudi 18 novembre 2010

Qu'est ce qu'être gaulliste aujourd'hui ?


Réponse aux questions de Richard Patrosso, journaliste à agoravox.


Vous êtes jeune et né après la mort du Général de Gaulle. Et pourtant, vous vous revendiquez du 
Gaullisme. Comment donc êtes-vous devenu gaulliste ?

Il y a bien des Jeunes socialistes non ? Idéologie bien plus ancienne que la gaullisme... Par conséquent, on peut se réclamer de l'action d'un homme, qui date de seulement 60 ans.
Le gaullisme m'a touché en ce qu'il présente déjà un programme politique, social pour la France. La lecture des Tomes d'Alain Peyrefitte "C'était de Gaulle" ont été une révélation pour moi, tant on se rend le général était lucide, et clairvoyant. Bien sûr, il y a les faits qui démontrent constamment la lucidité des idées gaullistes d'aujourd'hui : crise de l'euro, problème des frontières avec l'affaire des Roms, le partage des profits de plus en plus en faveur du capital qui est totalement contraire à notre idéal de partage capital-travail (...). Dit autrement, tous ces faits ne peuvent que conforter dans cette certaine idée de la France...


Qu'est-ce qu'être gaulliste aujourd'hui ?

J’ai pour coutume de dire que la politique du Général doit servir de boussole. Autrement dit, le gaullisme doit guider la France. Nous devons nous inspirer -j’insiste sur ce terme par opposition au terme reproduire- de la politique du Général axée sur un État interventionniste, qui reprend ses droits régaliens, notamment la création monétaire, qui lui a été volé par les banquiers privés. Ces deux points fondamentaux doivent nous amener à remettre en question l’Union européenne d’aujourd’hui. Car l’Europe à 27 est un bourbier dans lequel la France s’enfonce lentement mais sûrement. La BCE, qui mène une politique purement au profit des rentiers, est totalement à l’opposée des besoins de la France. La manifestation la plus cruelle de cette politique est le chômage de masse qui mine actuellement notre pays. Au vu de son dynamisme démographique, il est nécessaire et urgent que notre Banque centrale nationale - débarrassée des dogmes ultra-libéraux - puisse créer la monnaie elle-même, impliquant par là-même un retour à un franc dévalué qui conduira à une relance de nos exportations, à une hausse des profits et donc, in fine, de l’emploi. De même, la France doit retrouver la maitrise de ses frontières sur le plan commercial d’une part, sur le plan de l’immigration de l’autre. Car on ne peut pas laisser le libre échangisme total appauvrir à ce point notre nation. Emmanuel Todd et même Maurice Allais l’ont démontré. Sur le plan de l’immigration, la France doit retrouver une politique plus rigoureuse, ce qui implique notamment une remise en cause du droit du sol et un durcissement d’accès à la nationalité française.



Le Général de Gaulle a été considéré comme le sauveur de la France parce qu'il a permis de vaincre l'Occupant, ce nazi qui gazait des gens dans des camps. Aujourd'hui, les camps ont disparu, mais des gens sont expulsés dans des Pays qu'ils avaient quitté pour échapper à la mort. La France, patrie des Droits de l'Homme qui, dans ses lois, par deux fois (1981 et 2007), a aboli la peine de mort, est un État qui renvoie des gens se faire tuer. Est-ce un échec dans la victoire sur le III° Reich ? Avez-vous le sentiment d'être en 1940, sur ce plan-là ?


Cette comparaison est fallacieuse. La France qui expulse les Roms n’est nullement nazie ou hitlérienne. Rocard lui-même disait "on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. L’Angleterre, qui a la maîtrise de ses frontières, renvoie aux frontières les étrangers non-désirés. La France se voit ainsi contrainte d’accueillir les immigrés que les Anglais refusent. La "jungle" de Calais, c’est ça : des gens qui souhaitent passer la frontière anglaise ! On ne peut pas continuellement peupler la France d’étrangers. Certains quartiers à Paris sont déjà totalement étrangers : Gare de l’Est, la Chapelle, Barbès (...) et certaines belles âmes nous expliquent que la diversité est nécessairement bonne. Mais non, car dès lors que ces populations sont plus nombreuses que les autochtones, ce sont leurs coutumes qui priment : nourriture halal, femmes voilées, prières dans les rues. La France est un pays ouvert, qui, à mon sens, doit accueillir des Arabes, des Noirs, des Jaunes. Cependant, on ne peut pas faire venir des populations étrangères sans leur donner un boulot, sinon la France devient un bouc-émissaire parfait. De fait, les jeunes algériens qui vivent en France la haïssent, d’une part parce qu’il y a toujours le problème de la colonisation et d’autre part parce que celle-ci n’a plus rien à leur offrir.
La politique du Général de Gaulle était claire : strict contrôle de l’immigration. Or, fut-il pour autant un dictateur Nazi ? Je ne le crois pas. Celui-ci disait à Peyrefitte :" Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront 20 puis 40 ?".


"De Gaulle a donné à la France un éclat qu'elle n'avait pas connu depuis Louis XIV et Napoléon. Ce n'est quand même pas si mal.[...] De Gaulle l'a prise par deux fois, alors qu'elle était au fond de l'abîme ou qu'elle y roulait, et l'a remise sur pied par la seule force de sa volonté."
Malraux /C'était de Gaulle/.




Vous êtes un militant de Debout la République et non de l'UMP. Ce dernier parti n'a rien de gaulliste ? Vraiment ? Quand ses adhérents se réclament du Général de Gaulle, ce sont des menteurs ? Quelle est votre différence avec l'UMP ?

L'UMP a cette contradiction fondamentale : elle se réclame du gaullisme tout en trahissant constamment ses mythes fondateurs. Ainsi, je vais donner un exemple récent. On entendait François Fillon expliquer doctement que les détracteurs de l'euro s'étaient tromper sur toute la ligne et que l'euro restait solide (...). Bref, un discours d'européiste convaincu. Or, de qui se réclame François Fillon ? De de Gaulle. Qui était son mentor ? Philippe Séguin, un des plus fervents opposants à Maastricht et à la monnaie unique. On se rappelle tous d'ailleurs, de ce discours historique de 1992. Nicolas Sarkozy, lui, voue un culte aux États-Unis et ne s'en n'est jamais caché. Par exemple, il nous a réintégré dans le commandement intégré de l'OTAN.

Pourquoi avez-vous choisi Debout la République ?

C'est un parti libre, indépendant, et, à mon sens, le plus à même de représenter les souverainistes. On parle beaucoup du FN en tant que parti d'opposition. Or, le FN joue un rôle nauséabond dans la démocratie dans la mesure ou il incarne le vote de la colère et des "anti-tout". A DLR, nous avons une réelle réflexion sur l'Europe, l'éducation, la nation, la sécurité. Autrement dit, nous avons un réel projet de société à présenter au Peuple français. DLR présente ainsi  un programme comprenant 101 propositions. Ce faisant, et de manière plus globale, nous proposons aux Français de reprendre le pouvoir qu'ils ont perdu de manière patente en 2005 lorsque Nicolas Sarkozy a fait passer le Traité de Lisbonne au Parlement malgré le NON qui l'emportait alors à 55%.