dimanche 21 février 2010

Quand l'État dérape

La Roumanie des années Ceausescu a vécu une longue période ou rien ne résistait au "génie des Carpates". Au point que sa femme, en guise de divertissement, plaçait des micros chez certains ménages roumains. Rien n'était trop beau, l'État roumain se permettait tout, même jusqu'à des profondes atteintes à l'intimité.
Les soviétiques au sens large n'ont jamais réussi à se défaire de l'omniprésence étatique, cependant que celui ci prenait en charge les transports, la santé. On est ici aux antipodes de l'Amérique contemporaine dont la classe visée par la réforme sur la santé de Barack Obama semble sceptique vis-à-vis de celle ci puisqu'elle prévoit certaines entraves aux libertés totales: choix du médecin etc. C'est dire si l'individualisme américain est poussé à l'extrême.
Dans les 2 cas ici, l'État à dérapé. D'une part, l'État soviétique s'était décidé à tout contrôler, tout savoir. D'autre part, l'État Américain et la révolution conservatrice ont permis, disons les choses comme elles sont, la quasi suppression de l'État dans la vie des ménages, au point que ceux ci sont désormais persuadés que l'État est le problème. Ce n'est pas d'ailleurs pour rien si Reagan est toujours la personnalité préférée des Américains.

Portons maintenant notre réflexion au sein de l'Europe, plus particulièrement la France. De fait, l'Union européenne a imposé aux États de renoncer à la maitrise de leurs monnaie, mais pire encore, 80% des lois votées dans notre Parlement proviennent de Bruxelles. Non, je ne vais pas ici encore une fois attaquer l'Union, je pense que le lecteur aura bien compris par lui même à quel point tout les eurocrates nuisent à la France. Quoiqu'il en soit, tout les pouvoirs que l'État a donné à des institutions non-élues, et à des gens totalement incontrôlés, ce sont naturellement des pouvoirs qu'il ne possède plus. La perte de ces pouvoirs à tendu à réduire les pouvoirs du Président, qui est aujourd'hui, tout sauf un hyper président. Alors celui ci, pour exister, pousse le Premier ministre "vers la sortie". Si il ne le fait pas, on en arrive à un Président inexistant. De là l'immobilisme du quinquennat Chiraquien ( mais pas de ses ministres) ! Sauf que Chirac, c'est pas Sarkozy, ce dernier voulant faire parler de lui, n'hésite pas à empiéter  sur les pouvoirs de nos ministres qui sont voués à devenir de simples pantins béni oui-oui pour exister, ne serait-ce que médiatiquement.. De là la quasi absence de Fillon qui se retrouve par conséquent affaibli. Après on fait semblant d'agir. "Words words words"comme dirait Éric Zemmour. On crée un atmosphère de spectacle politique, de présidence active et réformatrice, cependant que nous savons très bien que Sarkozy n'a plus aucun pouvoir.
Dès lors et c'est là que je veux en venir, que se passe t-il? Quand nous n'avons plus la maitrise de nos frontières, de notre monnaie, de notre politique budgétaire (contrainte par le Pacte de stabilité), il reste quoi? Et bien, des politiques de régionales voire même départementales... C'est ainsi que Chirac s'est fait réélire en 2002 sur des thèmes bateaux: lutte contre le cancer et plan d'action pour la sécurité routière.
Pire, on observe depuis le début du XXIème siècle, un État pesant, nous disant sans cesse, ce que nous devons faire: Fumez pas, allez dans les bistrots mais interdit de fumer, conduisez mais pas vite, buvez mais avec modération. En fait, l'État s'étale, sans se rendre compte que ses politiques se révèlent désastreuses. Les lobbys anti tabac, stigmatisant les fumeurs, sont à l'origine de la fermeture de 5000 bistrots en à peine un an !
Toutefois, pour un État qui se revendique libéral cela passe d'autant plus mal. Car par définition, on laisse l'Homme livré à lui même, lui seul sait comment gérer sa vie, l'Homme est sacralisé. Je ne suis pas, pour ma part, ultra libéral au sens philosophique du terme. En d'autres termes, l'Homme est bon, laissez le vivre. Je pense pas qu'il faut un minimum de règles nécessaires à la vie en société. Or la, on empiète sur des libertés pourtant élémentaires et cela à mon sens, c'est réellement dangereux.

Après ce petit développement, analysons maintenant le capitalisme. Car le socialisme et capitalisme, pourtant aux antipodes, semblent toutefois converger dans la mesure ou ceux ci mènent à une sorte de totalitarisme. La divergence reste qu'à l'époque soviétique c'était l'État qui savait tout. Pour ce qui est du capitalisme, ce sont les sociétés qui savent tout. Car la consommation comme modèle, suppose des entreprises qu'elles connaissent leurs préférences. Enquêtes, sondages etc, tout est bon pour connaître le consommateur. Même les moyens les plus illégaux.
Mais comment? Avec une carte bancaire, l'établissement sait ce que vous achetez, avec votre carte de transport, l'entreprise connaît approximativement vos emplois du temps, avec vos cartes de fidélités, les entreprises savent quels sont vos goûts, avec les caméras, l'État sait qui nous sommes etc. C'est, au total, ce que Jacques Attali, dans un de ses bons livres "Une brève histoire de l'avenir" appelle l'Hyper surveillance.

Enfin, évoquons ici les impôts. Instrument phare de la politique de l'État. Ça fait 30 ans qu'on nous dit qu'il faut les baisser, notamment pour les plus riches. C'est vrai que rendre l'argent aux riches peut conduire à un dynamisme certains. Toutefois, l'évidence que la bande à Laffer a omit, c'est que plus on rendait de l'argent aux riches, plus ceux ci en faisaient n'importe quoi. A quoi a servi l'argent rendu aux riches? Si ce n'est conduire à une spéculation effrénée d'une part, et la construction de bulles, de l'autre. Pourquoi ne pas rendre plutôt de l'argent à la classe moyenne, qui, je le dis, est littéralement pillée. Les 400 millions d'€ donnés au titre du bouclier fiscal, pourquoi ne pas les donner à la classe moyenne
A la vérité, notre pays est en retard sur le plan fiscal. En appliquant la vulgate libérale en matière d'impôt, l'État pense se moderniser. Or, peut on parler de modernisation, quand on crée 20 impôts par jours, quand les collectivités augmentent pour certaines jusqu'à 10% leurs impôts locaux! L'État réussi l'exploit, de prélever 54% de la richesse nationale, soit plus que la Suède, mais pour de très mauvais résultats: paupérisation, chômage, inégalités... C'est devenu presque schizophrénique, d'un coté, on prétend réduire les impôts, de l'autre on crée des impôts partout. Ainsi a t-on crée un impôt sur les clés USB !

Folies fiscales, surveillance de plus en plus importante, tel est le constat dramatique de ce que le capitalisme, l'Union européenne ont engendré. A mon sens, nous nous approchons doucement vers une dictature très légère, ou sous couvert du mot "démocratie", nous pensons encore avoir un réel pouvoir. La dictature du capital, s'est en fait substituée à celle du prolétariat.


Le capitalisme a besoin de règles et de contraintes, Taxer la spéculation, décourager les investissements non productifs favorisant les rentes faciles doivent être les lignes conductrices. L'hyper surveillance annoncée semble inévitable. Quant à l'État, il doit au plus vite se retirer de là ou il ne doit pas être, en bridant toujours plus certaines libertés individuelles.

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