mercredi 28 juillet 2010

Contribution à la critique de Frédéric Martel

On ne se lasse plus de ces donneurs de  leçons. Dans un papier, Frédéric Martel - qui je reconnais, m'était alors inconnu -  expose sa thèse selon laquelle les français devraient se mettre au plus vite à l'anglais. L'anglais moderne, le français has been. Telle semblerait  être la thèse de ce sinistre personnage dont le torchon a été publié par Le Point dans le "rayon" Culture (!)
Je n'ai jamais commenté les articles des autres blogueurs ou journalistes. Je n'en ai pas la prétention, et ce n'est pas l'objectif  premier de ce blog. Toutefois, cet article de Martel foisonne de lieux communs, de contradictions, de paradoxes, mais surtout symbolise la pensée unique mondialiste qui souhaiterait adapter la vieille France à la mondialisation néolibérale anglo-saxone. Le marché est actuellement régie par les règles néolibérales tout droit venues des États-Unis. Ainsi les français devraient t-ils s'adapter à la langue anglaise, langue du marché, langue moderne.
Pour ceux qui n'auraient pas lu ce chef d-œuvre de leurs propres yeux je le joins ici. Pour les autres, je vais reprendre une liste non exhaustive de ses meilleurs passages, tout en les commentant plus bas.

Sans avoir peur du ridicule, Jean-Pierre Raffarin veut aussi limiter l'expression en anglais des patrons francophones du FMI, de l'OMC et de la BCE."

Des conneries, Raffarin en fait c'est indéniable. Toutefois, émettre l'idée que le français devrait être exclu des grandes institutions internationales est un non-sens. Et Raffarin l'a compris. Ainsi, lorsque Jean Claude Trichet arriva à la tête de la BCE grâce (ou à cause) des pressions provenant de Chirac et du Quai d'Orsay, il déclara "I'm not a French man" (qui lui valu d'ailleurs très justement le prix de la carpète Anglaise). C'est à cause de remarques comme ça que le Français se replie partout dans le monde. Que des grandes institutions soit menées par des Français qui nient presque leur propre langue, c'est quand même très fâcheux. Il apparait clair que les expressions anglaises en tout genre sont en train de tuer le français à petit feu. Ce qu'il y a d'étrange, c'est sa capacité à juger une langue. En quoi par exemple, dire hello serait t-il plus moderne que de dire bonjour? Si la langue française ne connaît pas le mot Smartphone, pourquoi essayer de l'imposer ?

"Si les Français veulent exister dans le monde d'aujourd'hui, ils doivent parler anglais. En Europe, ils ont perdu la bataille de leur langue car il est acquis que l'anglais est devenu, de fait, la langue commune de l'Union européenne (47 % des citoyens de l'Union le parlent). Aujourd'hui, moins de 25 % des documents de l'UE sont rédigés en français, quand il y en avait 50 % il y a vingt ans. Sur le terrain, la réalité est plus fragile encore : le français est de moins en moins parlé en Europe et la seule culture populaire commune aux jeunes Européens, c'est désormais la culture américaine"

Ce passage est extrêmement nauséabond. Car non, justement, si les Français veulent exister, ils doivent conserver leur culture. Le grand Fernand Braudel note quelque part  "La langue française est exceptionnellement importante. La France, c’est la langue française." En d'autres termes, selon Braudel, l'identité nationale française passe avant tout par sa langue. Si l'on abandonne cet héritage pour sombrer dans ce modernisme puant, nous sombrerons indiscutablement dans la grande masse mondiale anglo-saxone. Autrement dit, nous ne deviendrons plus rien. Si ce n'est un petit pays d'environ 70 millions d'habitants largement aligné sur le modèle américain.
Deuxième argument, Martel nous explique que le français est mort dans les institutions européennes. Le lecteur habitué de ce blog le sait déjà. Mais il sait aussi que si il s'éteint, c'est à cause du renoncement de ses élites à imposer une Europe à consonance française. Nous  ne devons jamais oublier que l'Europe reste et restera toujours une construction franco-allemande basée sur la coordination entre De Gaulle et Adenauer pour lutter contre justement, cette même menace anglo-saxonne. Cependant, l'entrée de l'Angleterre dans l'UE, contre la volonté de De Gaulle dans le marché commun, et de surcroît sans aucune concession du côté Anglais marquera les débuts d'une Europe toujours plus libérale, mondialiste, et soi-disant moderne. Toutefois, les français n'ont jamais été emballés par ce mode de société: ainsi ont t-ils toujours été défiants vis-à-vis de ce modèle, fondamentalement aux antipodes de leur culture. C'est donc devant la volonté des élites mondialisées - dont Martel semble manifestement faire partie - que nos dirigeants se couchent à Bruxelles. Martel nous dit bien qu'à peine 25% des documents sont rédigés en anglais. On connaît la suite dramatique, les élites toujours de plus en plus anti-nationales pro "gouvernement mondial" lâcheront de plus en plus du terrain et laisseront les anglais infiltrer toujours plus notre culture. Pour enfin, arriver jusqu'à la mort à petit feu de la langue française dans un espace - l'Europe - dont la France est pourtant la fondatrice (!)
En outre, inutile de se glorifier de notre jeunesse de plus américanisée. Certes, les jeunes portent des Converses, mangent Mc Do (...) mais restent toujours aussi nuls en anglais. Apparemment, et n'en déplaisent aux élites, les français ne seront jamais bons en anglais. Cela dit, ce ne serait que rendre la monnaie de la pièce tant on sait que les anglais parlent à peine français. Et indubitablement, le français est bien plus complexe,  bien plus compliqué - parce que bien plus riche - à apprendre que l'anglais.


 Frédéric Martel, digne représentant des élites mondialisées.


"(...) Nos exportations de livres diminuent : à part les marchés francophones, en Belgique, en Suisse et au Québec, qui constituent à eux trois presque 60 % de nos ventes de livres, nous déclinons presque partout dans le monde"

Indiscutablement, nos exportations de livres baissent dangereusement. Mais la faute à qui ? On ne peut que se gausser devant la nullité des auteurs actuels qui envahissent nos bibliothèques: de Marc Lévy à Guillaume Musso en passant par Anna Gavalda. Ainsi, force est de constater que notre "tissu" d'auteurs français se révèle très médiocre, et que par conséquent, ils s'exportent moins. Toutefois, je ne vois pas quel auteur d'origine anglo-saxonne peut se vanter d'être un cran supérieur... Tout en sachant que les anglais n'ont jamais eu un écrivain capable de rivaliser avec les plus grands auteurs français dont l'apport historique et culturel a été immense. Bien sûr, les anglais ont eu de grands écrivains: Hobbes, Locke, Wilde. Mais que pèse ce petit nombre de grands auteurs face à ces si nombreux génies que la France a porté: Hugo, Chateaubriand, Balzac, Zola, Voltaire, Rousseau. Et lorsque Martel s'en prend au français, on ne peut que se sentir ecoeuré tant notre patrimoine littéraire est l'un des plus riche au monde. Et ce sont ces auteurs là qui ont contribué à la beauté de la langue française, langue précise, langue géniale.

"La force de l'anglais vient aussi des nouvelles technologies, Google, Yahoo!, l'iPhone et Facebook ayant été inventés par les Américains, pas par nous"

Il faudrait préciser à Martel que personne ne nie la supériorité des américains dans le domaine de l'innovation. Personne. Depuis la chute de Londres, ce sont les États-Unis qui sont désormais le cœur du capitalisme mondial plus précisément Los Angeles et sa Sillicon Valley. Ils conservent (encore) leur capacité à attirer les cerveaux du monde entier. Toutefois, je dis cela en toute logique économique et de façon totalement objective. Or, on voit bien ici la capacité concrète des élites mondialisées à sacraliser les États-Unis quoiqu'ils fassent et de manière très peu objective. Autrement dit, Martel ne manque pas de nous rappeler qui est le dominant, qui est le dominé. Pour le dire de manière plus brusque, ils inventent tout, nous  français n'inventons rien. Mais ce n'est pas si simple: certes les États-Unis innovent, mais depuis Reagan, - et Todd le raconte très bien - ils vivent au crochet du monde. Le monde produit pour eux, travaille pour eux. Symbole d'une puissance qui, peut-être achète des Iphone à tout va, mais qui est sur un déclin inéluctable. Ce faisant, nous n'avons rien à envier à une société qui se tue à petit feu, en devenant une menace pour le monde entier, comme le rappelle très justement Emmanuel Todd. Néanmoins, nous savons que le modèle anglo-saxon a été mis à mal par la crise. Alors à quoi bon apprendre une langue qui va bientôt s'éteindre elle aussi, du fait de l'émergence de la puissance Chinoise. Apprendre l'anglais alors que le modèle anglo-saxon ne sera certainement plus d'ici peu, à quoi bon ? C'est pourtant un paradoxe bien réel, mais qui n'a pas l'air de troubler Martel plus que ça.

"Quant à Nicolas Sarkozy, on a honte que, dans les sommets internationaux, il soit le seul à avoir besoin d'une oreillette".

En vérité, c'est tout le contraire ! On devrait plutôt se féliciter du fait que notre président ouvertement américanophile ne soit pas de surcroît parfaitement bilingue. Les français ont besoin au moins d'un président qui représente la Nation et donc la langue. En tout état de cause, un chef d'État français s'exprimant en anglais serait un grave contresens historique, et une défaite sans précédent. On retiendra aussi du Général de Gaulle sa méfiance vis-à-vis de l'anglais. Ainsi prononçait-t-il "bébécé" au lieu de BBC. Question de fierté sans doute. Mais aussi question de respect envers son Pays, marquant par la même, la volonté française de ne pas sombrer dans l'uniformisation engendrée par la mondialisation.

Provocant, arrogant. C'est en ces termes que nous pouvons qualifier toute cette clique d'élite mondialisée. La France est une grande nation, un grand peuple. Elle n'a nullement besoin de recevoir des directives venant de technocrates apatrides non-élus, elle n'a, a fortiori aucunement besoin non plus de leçons venant d'élites mondialisées, dont la seule mission est de faire croire que la France n'est plus rien, pour mieux lui faire accepter l'uniformisation et la standardisation. Notons que l'Union européenne n'est qu'une marche de ce que les élites veulent: un monde sans Nation et avec le marché comme norme sociale et économique.
Quant à la langue française, elle est presque à elle seule le symbole de notre immense culture, tant sur le plan historique que littéraire. Elle est notre bien commun à tous, n'en déplaisent à ces donneurs de leçons.


20 commentaires:

  1. Si l'ont peut considérer qu'Orwell, Wilde ou encore Lewis ne sont pas de grands auteurs...

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  2. Je viens de répondre à ce mouton de panurge mondialisé (ça m'embêtait de dire "élite" pour un petit auteur complexé à la recherche du prochain pays dominant) sur le site du point.

    Il a reçu beaucoup de réponses, la grande majorité de la part de citoyens scandalisés par notre mouton en question.

    Je vous remercie pour cet article, je partage à 100% votre analyse.

    AntoineLyon

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  3. Au premier anonyme: effectivement tu as raison. Mais je ne pense pas que l'on puisse faire de ces auteurs des auteurs dignes de ceux que j'ai cité. Car si tu pars par là, je peux moi aussi te citer encore Stendhal, Zola etc.

    A Antoine: Oui tu as raison. J'ai moi aussi scruté les commentaires, beaucoup disent que c'est une honte de parler de sa patrie en ces termes. Et ils ont raison. Mais c'est toute l'arrogance de ces gens là, ils pensent être au dessus des "masses", ils pensent savoir, d'ou leur arrogance que j'ai décrite plus haut. Cela dit, je suis plutôt content des nombreuses critiques de la part des autres blogeurs. En tout état de cause, c'est à la hauteur de la connerie de du sien.

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  4. Martel a sévi sur France Culture le samedi matin où il remplaça Elisabeth Lévy. D'une émission orientée critique des médias (un brin poil à gratter) on passa à un programme creux sur les industries culturelles ! Martel vient de commettre un ouvrage dans l'air du temps. Naturellement il a eu droit à une belle couverture médiatique sur les ondes de radio France. Ce personnage est creux, à l'image de l'époque et il se croit intéressant alors qu'il ne fait que surfer sur une vague artificielle tout en prenant un réel plaisir à faire croire qu'il croit à l'inexorabilité d'un phénomène culturel planétaire appelé à balayer les cultures ringardes qui se regarde trop le nombril ! Ce personnage se pique d'être dans le coup et se flatte de savoir reconnaître les tendances dominantes et de s'y soumettre, faisant ainsi la démonstration qu'il fait partie des avant-gardistes éclairés qui ont compris où va le monde...

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  5. Est-ce vraiment une raison parce que l'article de Martel est odieusement idiot de raconter des conneries telles que de dire que Shakespeare est le seul grand écrivain anglais ou des bêtises comme celle que l'anglais s'éteindra avec le déclin des pays anglo-saxons? La littérature anglaise est évidemment une des plus riches du monde et la chute de Rome n'empêche pas les textes rédigés en latin de constituer un trésor culturel intact. L'attaque de la francophonie par des incultes tels Frédéric Martel peut faire peur, sa défense par des gens qui considèrent Swift, Stevenson ou Conrad comme des écrivains de seconde zone ne rassure pas nécessairement. C'est d'un provincialisme que l'on doit pouvoir qualifier d'américain : mon nombril et rien autour.

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  6. Peut-être. Il est evident que je grossis la chose. Evidemment que tout pays a sa propre culture et de grands écrivains. Mais encore une fois - et je maintiens -, malgré tous les auteurs anglo-saxons que tu pourras citer, sur le plan historique je suis désolé mais l'apport de Chateaubriand est bien plus grand que celui d'un Stevenson. Bien sûr il y a eu des Hobbes,des John Locke, je ne nie pas. Mais lorsque Martel enssence la culture anglo-saxone tout en disant clairement que le Français - et par la même sa culture - est "has-been" et "poussieureux". Pardonne-moi mais je ne peux que rendre la monnaie de sa pièce. Et la littérature anglaise est bien moins riche que la litterature française. Ou alors on fait fi de Voltaire, de Rousseau, de Stendhal, de Verlaine, de Balzac et j'en passe.

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  7. De surcroît, je ne peux pas te laisser me qualifier de nombriliste. Car justement, j'explique clairement et une fois n'est pas coutume je donne raison à Martel lorsqu'il dit que les livres ( ou autres produits culturels) s'exportent moins. J'explique ça justement par la nullité de nos auteurs actuels. J'explique justement que, à cause de cette scene littéraire morose, indubitablement, le Français peut de moins en moins rayonner et que si nous et notre langue rayonnons toujours actuellement - n'en déplaise à Martel - , c'est sûrement grâce à des gens comme ceux que j'ai cité dans mon billet plus haut.
    L'anglais n'est pas une langue complexe, n'est pas une langue riche tout au contraire, c'est une langue simple et peu précise. Elle ne connaît même pas le voivoiement. Mais ça ne ne veut pas dire qu'elle est nulle pour autant.

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  8. La langue française n'est-elle pas une identité par défaut? Je suis Français parce que je parle français en France et me rends compte qu'en Allemagne, ils parlent allemand. Je parie que c'est l'universalisme qui nous empêche de voir l'essentiel. Etre Français, c'est être un être humain, avoir une valeur dès la naissance, ne pas avoir besoin de prouver quoi que ce soit. N'est-ce pas le sens de "Tous les hommes naissent libres et égaux en droit"?
    Après, je suis toujours étonné de ce que vous ne faites pas avec votre liberté.
    L'essentiel de la France aujourd'hui est sa capacité à refuser le monde voulu par nos zélites. La France, c'est plus le "Non" de 2005 et les révoltes à venir que sa langue, c'est la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, c'est l'universalisme latin s'opposant aux Girondins et aux puissants s'ils sont trop violents.

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  9. Ce billet est d' un dénuement intellectuel affligeant. Il réitère, dans une langue assez pauvre d' ailleurs, des idioties sur une prétendue éminence du français, croyance aveugle que l'on veut absolument tenir pour vérité, à laquelle on se cramponne, qu'on se repasse de génération en génération mais qui font bien rire au delà de nos frontières et qui n'a pas peu contribué au déclin du français dans l' europe institutionnelle.

    L'anglais est une langue souple et puissante qui n'a pas besoin, comme le français, de longues périodes pour se dérouler et atteindre son but.

    La littérature anglo-saxonne vaut bien la française (Henry James, James Joyce , Virginia Woolfe, Saul Bellow etc) , surtout celle du 20ème siècle

    Sur les les théories de "linguistic uniqueness" (désolé pour cet anglicisme mais le français n'est pas capable de rendre cette expression en si peu de mots !) :

    http://itre.cis.upenn.edu/~myl/languagelog/archives/002587.html

    http://158.130.17.5/~myl/languagelog/archives/002582.html

    Si l'anglais domine aujourd'hui c'est précisement , contrairement au français, parce qu'il n'est pas rattaché à un projet hégémonique. Le libéralisme, c'est l'hétérogéneité. Le modèle jacobin français, c'est la centralisation et l'extermination de toute particularité, langues regionales incluses.

    Le déclin de la France et du français sont d'ailleurs tout à fait à mettre au compte de cette centralisation, la France s'écroulant et collaborant avec ses élites en 1940 et ensuite encore lors de la guerre froide. C'est parce qu'elle s'est trouvée à chaque épisode du XXème siècle du mauvais côté de l'histoire , et parce qu'elle a été secourue par ces horribles anglo-saxons , venus mourir ses plages alors qu'elle n'avait pas le courage de se défendre, de protéger son propre territoire, que la France se trouve dans la situation qui vous obsède et vous accable tant aujourd'hui.

    On comprend que les français préfèrent s'en prendre à un vaste "complot ultra-libéral" que se poser des questions sur leurs propre résponsabilité dans la débacle

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  10. Que l'un de nous préfère Chateaubriand et l'autre Stevenson, certes, il n'y aura guère de critère objectif pour nous départager. Et s'il s'agissait de comparer des listes, l'exercice resterait assez vain. Ce que je critique, c'est l'usage d'une contre-caricature. Le contraire d'un mensonge n'est pas nécessairement une vérité. Pour s'opposer à un texte outrageusement idiot (merci tout de même de me l'avoir fait lire), chercher à écrire un texte nuancé avec intelligence est sans doute plus efficace que de proposer une nouvelle caricature à l'emporte pièce, ça n'implique d'ailleurs aucune complaisance vis-à-vis de ce texte, bien au contraire. En se plaçant dans le domaine de la caricature, on rejoint en revanche une vision binaire et dénuée de toute profondeur. Je ne vois pas ce qu'on a à y gagner.

    Pour revenir sur le pur aspect littéraire qui m'a fait bondir, l'évidence est que la littérature anglaise est simplement l'autre grande littérature occidentale, la seule avec la littérature française à posséder une succession ininterrompue de grands auteurs depuis la fin du XVIe siècle (l'Italie et l'Espagne ont eu de grands auteurs avant l'Angleterre, mais leur XVIIIe et leur XIXe sont loin d'être à la hauteur de leur homologues français et britanniques, quant à l'Allemagne et à la Russie, la littérature nationale n'y prend vraiment son essor qu'à la fin de XVIIIe pour l'une, le début du XIXe pour l'autre, tandis que les autres littératures nationales européennes sont pour la plupart encore plus récentes ou du moins illustrées de manière discontinue). De fait, les littératures françaises et anglaises n'ont cessé de dialoguer depuis quatre siècles, comme aucunes autres ne l'ont fait. D'une certaine manière, on ne saurait dénigrer l'une sans dénigrer l'autre. Comment comprendre Voltaire sans penser à Swift et à l'exil anglais? Comment comprendre Diderot sans Laurence Sterne, Baudelaire sans Edgar Allan Poe ou Hugo sans Shakespeare? L'inverse est d'ailleurs tout aussi vrai. Pas de Shakespeare sans Montaigne, pas de Swift sans l'influence du classicisme français.

    Enfin, si l'on s'extrait du domaine sacro-saint roman (où quelque chose semble en effet sentir un peu le renfermé dans notre pays), je ne suis pas sûr qu'il faille être si sévère avec les auteurs français. Je ne crois pas qu'un Jean Hatzfeld ou un Denis Grozdanovitch, pour ne prendre que deux exemples, déméritent tellement de notre tradition littéraire.

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  11. Ce monsieur n'est qu'une tête à claques prétentieuse et démodée, un Christine Lagarde au masculin. C'est écrit sur sa figure, d'ailleurs.
    Ne vous occupez pas de lui, il ne le mérite même pas. Laissez-le découvrir les résultats en 2012.

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  12. Au dernier anonyme:

    Sur ta dernière remarque, il est évident que notre "scène littéraire" possède encore de bons éléments, dont ceux que tu as cité plus haut. Mais est-ce eux que les médias encenssent ? Non, ceux qui font les unes, c'est ceux que j'ai cité.

    Je suis d'accord sur la comparaison des listes. Mais essaye de comprendre pourquoi je fais ça. Napoléon disait "La France, c'est le français quand il est bien écrit". Lorsque Martel dit que le Français est une langue poussiéreuse et has been, c'est ni plus ni moins faire fi de la richesse de notre langue. C'est une ode à la langue anglaise et une insulte à la langue française. Je dresse donc une liste des immenses génies littéraires de notre pays.

    A l'avant dernier Anonyme: Tu crois vraiment que le libéralisme est hétérogène ? Moi je crois surtout qu'il standardise un monde pourtant hétérogène. Les France est un peuple souverain. Et tu adoptes la même posture arrogante que Martel c'est à dire je suis Français mais je suis au dessus d'eux. La France ne vaut plus rien et puis plus tard, j'irai vivre au États-Unis pendant que les Français crèveront dans leur xénophobie, leur jacobinisme, leur centralisme et leur anti-libéralisme. Parce que tu crois que les américains n'ont pas de maux au sein de leur société ? Comme si la leur était parfaite !

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  13. Je suis assez étonné qu'on serine encore le mythe d'un "modèle français" égalitaire qui résisterait au "libéralisme anglo-saxon". À l'échelle européenne, la France est la société la plus inégalitaire que je connaisse, notamment en terme d'accès au logement, à l'éducation et à l'emploi. Depuis les événements de 2005, le monde entier connaît les banlieues française, cet incroyable apartheid socio-géographique qui pousse les plus pauvres dans des ghettos à la lisière des villes et a produit 3 ou 4 millions de "mal logés". Pour le reste, le déclin de la langue française est la conséquence directe de la médiocrité de sa culture, notamment dans l'audiovisuel. La culture populaire française ne s'exporte pas, pas une série française n'est diffusée à la télé allemande quand les production suédoises, anglaises et bien sûr américaines sont légion.

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  14. Au fond, je suis d'accord avec toi. Mais je resterai plus nuancé lorsque tu dis que nous sommes très inégalitaires. Effectivement, personne ne nie que tout soit bien dans les meilleurs des mondes. Cela dit, si on se compare aux USA, la c'est 45 millions de pauvres et totalement dépourvus de couverture sociale. De ce point de vue, on a encore de la marge.
    Par contre, je te rejoins totalement lorsque tu dis soulignes notre manque cruel de culture audiovisuel. C'est justement à cause de ça que nous ne rayonnons plus. Et c'est dommage...

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  15. Quant on lit que l'anglais serait - à l'opposé du français - une langue pauvre et peu précise, on se demande si l'auteur a un jour appris cette langue de manière approfondie... on en doute.

    Après, parler de ce qu'on connaît pas/peu...

    Quant à la "liste" comparée d'auteurs des deux langues, je ne vais pas en rajouter par rapport à tout ce qui a été dit avant moi. C'est une pratique inepte.

    Le texte en général fait penser à ces sportifs mauvais-joueurs qui, plutôt que de se demander pourquoi ils ne sont pas sur le podium, en se remettant en question, expliquent amèrement que c'est la faute des premiers !

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  16. le premier quand est avec un d.

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  17. Ah, dans ce cas, je te propose de te référer à un très grand nombre de linguistes qui nous disent que l'anglais, est une langue très peu complexe. Ils expliquent même que c'est grâce à ça qu'elle s'exporte plus facilement.

    Je ne souhaite absolument pas que le France ou le français domine le monde. Et les anglo-saxons ont raison de souhaiter leur expansion, car c'est purement dans leur intérêt. Je critique simplement les gens comme Martel qui souhaiteraient que les vieux Français se mettent à l'anglais prétendument plus moderne. C'est tout !

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  18. Enfin, écoutons Nietzsche qui lui aussi doit être comme moi c'est-à-dire quelqu'un qui "connaît pas/peu" :

    « Qu'on n'oublie pas enfin que les Anglais, une fois déjà dans l'histoire, ont été cause, par leur profonde médiocrité, d'un abaissement général du niveau de l'esprit européen. Ce qu'on appelle les « idées modernes »

    Voyez, encore et toujours la modernité !

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  19. Bonjour
    Grosso modo je suis d'accord avec vous cher auteur, sur le peu de cas à accorder à ce fat. Par contre quand vous dites que l'Europe s'est construite grâce à l'axe franco-allemand, je doute, ici un document qui à fait voler en éclat mes illusions sur l'Europe : http://www.historia.fr/content/recherche/article?id=6744
    Et un autre document fait par F asselineau : la face cachée de R Schumann http://u-p-r.fr/?p=908

    A bientôt

    Erick

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  20. Ah, les éternels thèses UPRistes. Sachez que je les prends en compte, et vous pouvez lire mon billet "De l'Europe en général et de la France en particulier", je reprends cette thèse.

    Cela dit, on ne peut faire abstraction du fait que, grâce à la magistrale entente entre De Gaulle et Adenauer, l'Europe a pu se construire. Mais l'Europe des 6, pas le bazar paralysant que nous connaissons actuellement. Et que par conséquent, elle a permi la réconciliation entre 2 nations rivales.

    En outre, De Gaulle a tenté de se rapprocher de l'Allemagne pour justement, éloigner la menace anglo-saxonne. Et c'est justement lorsque Adenauer a été remplacé par Erhard que l'entente s'est froissée, et, a fortiori lorsque De Gaulle meurt et laisse le pouvoir à Pompidou qui fait rentrer l'Angleterre sans aucune concession dans le Marché Commun.

    Enfin pour finir, sachez que vous n'êtes pas ici dans un blog pro-Schumann bien au contraire, cette ordure était bel et bien financée par la CIA, et surtout, vota les pleins pouvoirs à Petain. Et aujourd'hui, c'est gens là sont adulés...

    Amicalement.

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